Faut-il se fier aux médailles sur les bouteilles de vin ?

Dans un rayonnage de supermarché, des bouteilles de vin à l'allure similaire s'alignent à des prix peu contrastés. Sans vendeur, dans un temps compté de courses alimentaires, un autocollant posé comme un bijou tranche l'acte d'achat. Les médailles d'or, d'argent ou de bronze clignotent plus fort qu'une étiquette pas toujours déchiffrable.

Vin primé, vin présenté

Un vin primé est un vin qui a été présenté par le domaine à l'un des 127 concours qui attribuent ces précieux macarons (en 2024, selon la DGCCRF). 

Le fameux Concours général agricole fondé en 1870, les concours des meilleurs chardonnays ou sauvignons du monde, celui des vins de Bretagne ou de Mâcon, le challenge Millésime bio… Il y a l'embarras du choix, sans limite de participation, mais non sans mettre la main au portefeuille. Pour chaque cuvée présentée, il faut débourser de 10 à 150 euros selon le concours, sans compter les frais d'envoi et l'achat des macarons en cas de victoire.

Retombées alléchantes

Un calcul potentiellement intéressant compte tenu de la visibilité commerciale apportée par ces récompenses. L'année suivant le sésame, les ventes de la cuvée ont tendance à augmenter entre 20 à 40 %. Une aubaine à la fois pour le domaine, pour les organisateurs des événements et pour la grande distribution.

D'autant que les médailles pleuvent généreusement. En 2025, au Concours général agricole, sur les 12129 vins inscrits, 3361 ont été médaillés, dont près de la moitié d'or. La législation française interdit la récompense de plus d'un tiers des échantillons présentés. Un quota avec lequel flirte la plupart des concours.

Jury amateur

Qui attribue ces éloges ? Un jury bénévole, venu à ses frais. Le plus souvent des amateurs. Le besoin important de personnes laisse peu de place à l’exigence et à la traçabilité des parcours. En 2025, au Concours général agricole, plus de 7 000 personnes ont été nécessaires pour goûter charcuterie, fromages, confitures ou vins. Le concours Chardonnay du monde a convoqué cette année plus de 300 jurés, en limitant à 20 les échantillons dégustés par personne.

Les domaines les plus réputés qui n'ont pas besoin de dynamiser leurs ventes ont tendance à délaisser ces concours. Les plus artisanaux peuvent s’en détourner pour une question de distinction, ces gommettes brillantes étant associées à la grande distribution. Un lieu où elle prend la place vacante d'un bon conseil professionnel. Par exemple celui d'un caviste capable de vendre la singularité d'une cuvée qu’il suit au fil des ans.