Virginie BASSELOT
Cheffe : 2 restaurants C’est une personnalité à part dans le paysage gastronomique national. Virginie Basselot est la cheffe du restaurant Chantecler de l’hôtel Negresco, un lieu mythique qui réclame une forte identité. Ce qui n’a pas effrayé cette cuisinière au caractère affirmé.Elle a tout de l’élève modèle, qui réussit partout où elle passe, semblant de prime abord réservée et modeste. Mais ne vous fiez pas trop aux apparences. Pour être une des deux seules femmes cheffes (avec Andrée Rosier) portant le col tricolore de Meilleur ouvrier de France, il faut autre chose qu’un brin de talent et de travail. Il faut une volonté de fer, savoir où l’on va et pourquoi. Et dans sa carrière déjà bien fournie, Virginie Basselot a montré des qualités professionnelles et humaines qui font la distinction.
À 17 ans, cette fille de restaurateurs née à Deauville « monte » à Paris pour intégrer de belles maisons, le Crillon, puis le Grand Véfour. Le véritable déclic est à l’étape suivante : le Bristol, où elle découvre la rigueur et l’excellence d’Éric Frechon et Franck Leroy, tous deux MOF. Ce sont eux qui la pousseront, plus tard, à préparer et à réussir le concours, en 2015. Elle reste neuf ans au Bristol, d’abord comme cheffe de partie, puis sous-cheffe, avant qu’un autre palace, plus confidentiel, le Saint James, ne fasse appel à elle en 2012. « C'était un challenge très excitant : pour mon premier poste de cheffe, il y avait tout à construire, dans ce qui n’était auparavant qu’un club privé. Pour la première fois, je créais ma propre cuisine, à partir de rien !»
L’aventure dure jusqu’en 2016, lorsqu’elle part deux ans à La Réserve de Genève. Gault&Millau Suisse la couronne Cuisinière de l’Année 2018. C’est alors que le Negresco lui fait un, puis deux appels du pied. « Je ne voulais pas vraiment y aller. Mais la troisième fois, j’ai accepté de venir voir. J’ai poussé la porte, et j’ai ressenti tout ce que cette maison pouvait avoir de magie. Son histoire, le fait qu’elle soit dirigée par une femme, une maison indépendante et française, la légende autour de cette table fabuleuse, Le Chantecler, portée au sommet par Jacques Maximin il y a quarante-cinq ans. Il fallait que je saisisse cette chance ! »
Aujourd’hui Niçoise d’adoption, Virginie Basselot bénit les richesses du terroir. « Je suis Normande et j’ai toujours pensé que les meilleurs poissons sortaient de ma Manche ! Mais ici, j’ai trouvé des produits inconnus et merveilleux de parfums et de saveurs, dans les jardins et potagers ou dans ce que ramène Steeve, notre petit pêcheur local, dans ses filets. Je découvre tous les jours ! »
Sa cuisine, précise, expressive et même volubile, s’accorde au cadre parfois strict du Chantecler. Il y a une liturgie dans ce moment rare, et elle doit se prolonger dans l’assiette. Cela n’exclut pas pour autant la fantaisie et l’imagination. Et ne pensez surtout pas que cette jeune femme d’apparence calme fait du tricot ou du macramé à ses heures perdues. Vous ne le devinerez sans doute pas, mais son truc, ce sont les moteurs et la vitesse. Avec ses permis auto et moto, elle conduit des bolides à deux et quatre roues, et ses moments de détente, elle les passe sur les circuits proches, en poussant la poignée dans le coin…
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