Vincent Couche, l’homme qui cartographie les terroirs pour faire parler la terre
Le vigneron champenois de la côte des Bar a décidé de se développer dans la Côte-d'Or voisine. Sur le terroir de Molesme, il propose des vins tranquilles tout aussi inspirés.
C’est un homme à cheval sur la qualité et sur la géographie ! Issu d'une famille de vignerons installée à Buxeuil, dans l'Aube, où il produit des cuvées réputées en bio et biodynamie, Vincent Couche a franchi la frontière plus qu'imaginaire qui sépare la Champagne de la Bourgogne. De ces deux mondes, l'entreprenant quinquagénaire a fait une forme de synthèse. Après une première incursion à Chablis dès 2010, il cultive aujourd'hui 17 hectares autour de Molesme, à l'extrême nord de la Côte-d'Or. « Je considère que je possède un seul domaine, s'enthousiasme-t-il. Ma façon de travailler y est identique, c'est-à-dire sans limites et avec la volonté de procurer du bonheur aux consommateurs. Je viens de la côte des Bar, peu réputée il y a encore vingt ans. Le Châtillonnais se trouve dans la même situation vis-à-vis de la Bourgogne, mais le potentiel est réel pour faire de grands vins. »
Un terroir qui se réinvente
Perçue comme une zone à bulles par proximité avec la Champagne, cette région viticole d'environ 250 hectares, encore tournée essentiellement vers la production de crémants, propose également des vins tranquilles. Vincent Couche s'y emploie avec la même exigence qualitative que pour ses chardonnay et pinot noir effervescents : « J'ai fait cartographier le sol de nos parcelles de Molesme. On y trouve un peu de kimméridgien et surtout de l'oxfordien supérieur comme en côte de Beaune. Un terroir très intéressant dans le contexte de réchauffement climatique et de l'attente actuelle de vins blancs frais et délicats. » La gamme comprend cinq références en plus du chablis vinifié en amphore et fût de chêne. Toutes proposent cette finesse désaltérante dont le domaine fait sa matrice. Les tarifs sont contenus, entre 15 et 25 €. « Des prix buvables », sourit-il, qui permettent à l'amateur de prétendre à une Bourgogne accessible, rare ailleurs en Côte-d'Or.
D'ici 2030, le vigneron compte élaborer jusqu'à 15 cuvées, fort de parcellaires bien identifiés. Il a aussi planté 5 hectares d'aligoté, un cépage négligé selon lui, en phase avec les maturités d'aujourd'hui. Vincent Couche n'a donc pas fini de se développer dans un secteur où le foncier reste peu onéreux, en dépit d'un intérêt de plus en plus marqué de confrères venus de Champagne notamment. Il a décidé d'agrandir son terrain de jeu plein sud jusqu'au Beaujolais, en faisant l'acquisition de 4 hectares dans les crus juliénas et chénas, avec des vignes parfois âgées de plus de 100 ans. Une façon de lisser les aléas alors que le vignoble de Molesme a subi grêle et gel ces dernières années, comme d'exercer son art tout champenois de l'assemblage.
Le domaine de Molesme ne dispose pas encore d'un accueil spécifique. Contactez plutôt le site champenois de Buxeuil.
- Tél : 03 25 38 53 96
- Plus d'infos sur vincent-couche.com