L’Est francilien : nouvelle destination gastronomique aux portes de Paris
Pour dîner avec délice, sinon réaliser de savoureuses emplettes, il ne faut plus se contenter de rester dans Paris intra-muros. Les nouvelles expériences culinaires se savourent depuis Vincennes jusqu’à Fontainebleau. Bref, à l’est de la région Ile-de-France.
Pendant longtemps, le pan est du Grand Paris était surtout associé aux guinguettes sur les bords de Marne, sinon aux nombreuses exploitations agricoles de Seine-et-Marne, d’où les grands chefs piochent leur inspiration. Depuis la crise sanitaire, la petite comme la grande couronne, depuis la Seine-Saint-Denis jusqu’aux confins de Fontainebleau, abritent un nombre grandissant de nouvelles adresses qui font le pari du bien manger. Pâtisseries, commerces de bouche, restaurants… On vous a concocté une sélection de dix adresses à l’image de ce dynamisme savoureux.
À Vincennes, Noémie Giorno – My Little Kitchen
C’est LA nouvelle sensation sucrée aux portes de Paris. Après une carrière dans la gestion de patrimoine en banque, Noémie Giorno a tout quitté pour relever le défi de devenir pâtissière. Après une formation dans la prestigieuse école Ferrandi, la cheffe a finalement ouvert sa première boutique à Vincennes en 2022. Elle s’est rapidement construit une clientèle de quartier avant de faire saliver finalement les Parisiens et les voyageurs venus visiter le château non loin, grâce à une gamme de pâtisseries modernes. Dans ses gâteaux fidèles aux classiques de la pâtisserie française, il y a toujours un twist : de la burrata dans la tarte aux fraises ou du yuzu dans ce qui pourrait s’apparenter à un cousin du Saint-Honoré. Son flan à la vanille fait aussi partie des must-have.
- 5 rue Lejemptel, Vincennes
- www.noemiegiorno.com
© Camille Huguenot / DR
À Lagny-sur-Marne, Maison Dijols
Il y a le boudin noir, mais aussi le jambon blanc de Paris, ou encore les rillettes de porc. Autant de gourmandises charcutières qui ont été primées dans un concours national ou international que Jean Dijols affiche fièrement à l’entrée de sa boutique seine-et-marnaise. Héritier d’une affaire familiale lancée par son arrière-grand-père, l’artisan est une bête de concours. En fin d’année dernière encore, il remportait une médaille d’or pour sa terrine de canard au concours de la confrérie de la gastronomie de Flers. Son laboratoire se situe à Crécy-la-Chapelle, où une deuxième boutique permet aussi de dénicher ses recettes charcutières, dont le pâté de Papy incontournable !
- 14 place de la Fontaine, Lagny-sur-Marne
- www.jeandijols.fr
À Montreuil, Villa9Trois
Ce serait une erreur d’interpréter le départ du talentueux Camille Saint M’Leux comme une raison de ne plus réserver à la Villa9Trois. Sylvain Grosjean entretient avec brio la réputation du restaurant, et a fortiori la ville de Montreuil. La commune de Seine-Saint-Denis prend de délicieux airs de station balnéaire méditerranéenne depuis l’arrivée de la toque varoise. Anchoïade, bourride, artichauts en barigoule… Tous les marqueurs du sud sont là, parfaitement maîtrisés par ce chef discret qui a gagné en assurance depuis son passage au Domaine de Murtoli en Corse. Une expérience qui n’a fait que mieux forger son talent après son apprentissage auprès de Bernard Pacaud à L'Ambroisie et à la Villa Madie, à Cassis.
- 71 rue Hoche, Montreuil
- www.villa9trois.com
© Pierre Lucet Penato
À Fontainebleau, Frédéric Cassel
C’est le pionnier du bon goût en Seine-et-Marne. L’ancien élève de Pierre Hermé – époque Fauchon, a misé sur l’ancienne cité des rois de France dès 1994 ! Décrochant le titre de Champion du monde de la pâtisserie en 2013, Frédéric Cassel a couronné Fontainebleau de la mention de destination gourmande grâce à sa panoplie sucrée comptant sur des classiques de la pâtisserie française, mais toujours ficelés selon des codes contemporains : le pochage est digne de celui des desserts de palace et les associations de saveurs toujours franches. Le millefeuille vanille est un incontournable tout comme la tarte citron, meringuée ou pas. À déguster à emporter ou sur place dans le salon de thé.
- 71-73 rue grande, Fontainebleau
- www.frederic-cassel.com
À Villeneuve-le-Comte, La Vieille Auberge
Formé dans de prestigieuses brigades comme celles de Jean-François Piège, mais aussi Christian Le Squer ou encore le Meilleur Ouvrier de France Christophe Pacheco, Nicolas Tissier est finalement revenu aux affaires familiales, chez lui en Seine-et-Marne. Désormais à la manœuvre de la Vieille Auberge, dans le village de Villeneuve-le-Comte, qui doit son charme à ses fondations datant du XIIIᵉ par les Comtes de Champagne ainsi qu’une restauration signée Viollet-le-Duc. Ici, le chef Tissier poursuit la cuisine ensoleillée qu’il a structurée lorsqu’il était chef de l’Hôtel le Christopher à Saint-Barthélémy.
- 11 rue du Général de Gaulle, Villeneuve-le-Comte
- www.la-vieille-auberge-77.com
À Meaux, Dalissier Pâtisserie
On ne vient plus seulement dans l’une des capitales du brie (il ne faudrait pas oublier Melun ! ) pour visiter le musée qui lui est consacré, sinon ouvrir une page de l’Histoire au musée de la Grande Armée. Meaux est aussi un détour savoureux depuis que Noémie Dalissier a ouvert sa propre boutique dans le centre-ville fin 2023. La jeune cheffe n’est pas n’importe qui : elle a en effet précédemment travaillé dans les brigades de l’Elysée et du Sénat pour la composition des desserts. Sa carrière compte aussi un passage au Chabichou, à Courchevel. Baba au rhum, flan, tarte aux fraises… Noémie Dalissier compose avec ce qui fait saliver les becs sucrés et pense aussi aux intolérants au gluten, avec un Paris-Brest adapté.
- 24 rue du Grand Cerf, Meaux
- www.instagram.com/dalissier_patisserie
À Fontainebleau, Fuúmi
D’habitude, c’est à Hiroshima, au Japon, que l’on déguste les okonomiyaki, cette spécialité qui ressemble à une grosse omelette (certains diront une crêpe plutôt), garni d’œufs, de nouilles, de porc, de crevettes et de tout ce qu’on aime. Sauf qu’on peut aussi retrouver la même expérience culinaire… chez Fuúmi à Fontainebleau. Là où Kunihisa Goto, le chef du restaurant gastronomique L’Axel et de L'A Pâtisserie KG, a ouvert un bistrot dans le même esprit qu’une izakaya nippone (taverne japonaise, ndlr). Le natif d’Oita renoue avec ses racines dans cet antre de la cuisine populaire, où l’on sert du poisson grillé cuit sur un teppanyaki, des ramen dans la plus pure tradition, et donc les fameuses okonomiyaki.
- 39 rue de France, Fontainebleau
- www.restaurant-fuumi.com
À Fontenay-sous-Bois, Silax Pâtisserie
Silamaka Soukouna, dit Silax, fait sensation autant avec ses pâtisseries réussies que son histoire. D’origine malienne, le chef a d’abord dormi dans les rues de la capitale aux côtés de sa famille alors qu’il n’avait que six ans, avant de finalement être logé par la Croix-Rouge. Mais, c’est aussi la pâtisserie qui l’a sauvé. Celui que l’on prenait pour le plongeur dans l’arrière-cuisine était pourtant bien un apprenti pâtissier. Silax a travaillé dans de prestigieuses maisons avant de finalement ouvrir sa propre boutique en 2021, face aux demandes toujours plus nombreuses de gâteaux au moment des confinements. Cela ne suffisait plus de les livrer en bas de chez lui… Le chef a choisi de ne pas lancer son affaire à Paris, mais là où la roue a tourné pour lui, à Fontenay-sous-Bois. Son incontournable : le Paris-Brest.
- 3 place du Général Leclerc, Fontenay-sous-Bois
- www.silaxpatisserie.eatbu.com
© DR
À Bois-le-Roi, Papylles
Non loin de la forêt de Fontainebleau, dans ce village cossu de la Seine-et-Marne, Thomas Briandet ne pouvait pas mieux rendre hommage à son aïeul (voilà pourquoi le « y » remplace le « i » dans le nom du restaurant). C’est ici en effet, dans la maison familiale, que l’ancien apprenti de Christophe Moret réalise une cuisine sans fioritures, directe et pleinement sincère. Sans doute parce que le chef entrepreneur puise dans ses souvenirs d’enfant, comme ceux forgés ici même, pour accommoder un savoureux « maquereau à la flamme, moutarde fumée, piquillos, ail des ours », sinon ressusciter la mémoire de vacances en bord de mer avec ce « Saint-Pierre de nos côtes, glacé aux algues, artichauts poivrades, pâte de citron ». Une expérience culinaire hors du temps, à l’écart de l’agitation urbaine qui mérite amplement le déplacement.
- 7 rue Demeufve, Bois-le-Roi
- www.restaurant-papylles.fr
© DR
À Vincennes, L’Ours
Il faut rendre à César ce qui est à César, en l’occurrence à Jacky Ribault. Car le chef d’origine bretonne est un des tout premiers à avoir cru dans le potentiel de l’est francilien comme nouvel eldorado culinaire. D’abord propriétaire du restaurant Qui Plume la Lune dans le 11e arrondissement de Paris, le cuisinier au caractère bien trempé a choisi Vincennes pour ouvrir sa deuxième table. Ce fut L’Ours en 2019. Un repaire à l’image de son patron : sans filtre et audacieux. Pas de carte, mais une cuisine brute et d’instinct. En fait, pour comprendre le dynamisme de l’ouverture des nombreux commerces du côté est de la région Capitale, il faut poser les bases de cette tendance en venant déguster la cuisine du chef Ribault. C’est un condensé de cette gastronomie qui ne craint pas de changer la donne et qui ose au-delà des idées reçues.
© Jordan Sapally
- 10 rue de l’Église, Vincennes
- www.loursrestaurant.com