Ce cognac d’exception a été plongé dans l'Atlantique
Les ateliers Camus dévoilent une nouvelle création, vendue à seulement cinq exemplaires : une eau-de-vie issue de l’assemblage de cognacs d’exception, inspirée de “Vingt mille lieues sous les mers” de Jules Verne.
C'est sur la base de cet ouvrage que Julie Landreau a imaginé un cognac d’exception. Maître de chai des ateliers Camus depuis 2020, elle a rejoint cette maison familiale en 2011 comme technicienne de laboratoire.
Quatre cognacs initiaux
Sa création, « Sous les mers », est un assemblage de quatre cognacs initiaux. L’un, âgé 12 ans d’âge, a subi une technique dite « chauffe crocodile », qui adoucit l’eau-de-vie. Un autre de 13 ans, a vieilli au fort La Prée, sur l’île de Ré. « Il a été bercé par les embruns maritimes », précise Julie Landreau.
Autre pierre à l’édifice : un cognac de 14 ans d’âge, « né lors de la tempête du siècle, lorsque l’océan est passé sur l’île de Ré. Les vignes avaient les pieds dans l’océan. » Dernier cognac ajouté : une eau-de-vie de 17 ans d’âge, « issue de parcelles très proches de la mer, ce qui provoque une fine pellicule de sel sur les raisins. »
Avec cette expérimentation, « on avait envie d’innover : mêler la tradition du cognac et l’innovation », explique Julie Landreau. Pour l’aspect nouveauté, la maître de chai s’est replongée dans ses cours de chimie. « On a mis le fût de 35 litres de ce mélange dans l’océan, au large de l’île de Ré. Avec la marée, il était parfois immergé, d’autres fois non. »
Normalement, le cognac est conservé dans une pièce sans lumière, avec une température constante. « Là, nous avions des paramètres pas maîtrisés, ni maîtrisables », raconte la spécialiste.
© DR
De 15 degrés habituellement, à 7 ou 40 degrés en mer
Le fût a été mis dans une cage en inox résistante à la corrosion, « elle pesait 90 kilos tout compris afin qu’elle ne bouge pas du fond marin. » Une première immersion de six semaines a été faite dès le 2 août 2024. La température variait alors de 7 à 40 degrés. « La variation se fait normalement entre 15 et 25 °C. » À ces températures, l'évaporation d'alcool a été plus forte, l'eau-de-vie a baissé de 5 degrés d'alcool. « Habituellement, de l'eau est ajoutée. Là, on est arrivé à 48 % sans eau. »
Les 35 litres ont ensuite été mis dans une dame-jeanne. « On a ajouté la Fine Champagne de 1972. Le clin d'œil, c’est qu’elle est issue d’une récolte pendant laquelle la météo était exceptionnelle. » Puis une nouvelle immersion a été effectuée début février, cette fois-ci avec des températures oscillant entre zéro et 17 degrés selon la marée. Dans la dame-jeanne, une eau-de-vie centenaire des Borderies a été ajoutée. « C’est l’un des cognacs les plus recherchés, il a une certaine intensité aromatique. »
Le résultat : un produit unique, un cognac plus rond, plus iodé, frais et riche. « C'était magique, j’ai pris un plaisir fou à créer ce cognac », sourit Julie Landreau.
« L’idée maintenant, c'est d’adapter cette pratique pour l’utiliser à grande échelle. » Pour l'instant, la maître de chai tente d'expliquer les effets de ces immersions : « On sait en tout cas que le sel et le tanin ont agi. »
À chaque étape, un échantillon était prélevé pour être goûté. Les potentiels acheteurs présents à Hong Kong lors de la présentation ont aussi pu déguster ces échantillons. Mais personne n’a encore découvert le produit final : seuls cinq chanceux auront ce privilège. Pour sublimer cette création, la Maison Camus s’est associée au maître-verrier Daum. Une pieuvre, sculptée en bronze et en cristal, entoure la carafe, chaque détail rendant hommage à l’univers sous-marin de Jules Verne. Prix affiché par pièce : 20 000 euros.